qu'est-ce qu'un poète sinon un assassin sans homicide fixe ?
des
arbres – évidemment - & des végétaux en tout genre : fruits,
organes, antéisagoges... sans oublier l'infarctus tatoué sur mon
front comme un silex qui se remémorerait l'origine du feu. des
carnets qui sous-solent cette saison passée dans un enfer à
thermostat souple – danseuses planètes dont le trébuchement aura
auréolé mes ongles d'un vernis invisible. un parfum qui ne résiste
pas à l'amnésie du nez, un nez qui se casse à poursuivre l'odeur
opiacée du silence & ce silence qui n'a jamais connu que ses
propres coursives. ainsi s'achève & débute ce qu'il conviendra
désormais d'appeler un nauséaum d'histoires naturelles.
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les
tatouages avortés laissent sur la peau autant de traces qu'un enfant
renversé sur la route - c'est ainsi - ! & pourtant il ne s'agit
ici que d'un venin mal infusé, d'un drap dont on n'aurait froissé
que l'ombre, fut-elle éclaboussée par deux sexes étourdis. douce,
qu'elle était douce cette saison passée sous tes aisselles... je te
déodore Ducasse avec ce parapluie replié sous l'averse
applaudisiaque qui célèbre aujourd'hui ma mort. saviez vous,
vous dont seules les paupières s'exercent encore à courber parfois
l'échine, qu'il existe un territoire cerné de gaz dans lequel
n'existent que des horloges qui se refusent au viol des heures?
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de
ce bouquet de sueur, dont j'avais tracé le cadastre sur mon torse,
ne restent ça & là que de minuscules lignes que je m'invite à
suivre dans la nuit... me tenant moi-même la main afin d'être
certain de perdre mon chemin. & pourtant j'existe! j'existe dans
les registres aimantés du temps! j'existe dans le refus des miroirs!
j’existe jusque dans la peau d’un fou qui ne connaît pourtant
rien de moi...
j'étais
ton pléonasme - une vitrine dans laquelle pouvaient se mirer toutes
les moiteurs du monde - ! eh quoi? serais-je coupable de vouloir
secouer à nouveau les volcans qui suintent de chacun de mes membres?
serais-je sommé de ne rester qu'un marque-page égaré entre deux
molaires? il me reste encore suffisamment de sueur pour tordre le cou
aux torrents & baptiser mon front d'une croix de saint-pierre.
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j'avais
alors pour habitude de suspendre des odeurs aux arbres, d'abdiquer ma
géométrie & d’observer l'enfant sur sa balançoire - comme un
futur pendu.
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la
nuit - plastifiée sur une surface équivalente à celle d'un livre
de poche - continuait de danser sur elle-même, un peu comme une
écharpe rabâcherait ses souvenirs de givre : tout doucement, sans
se soucier jamais du mur de tympans solitaires (peut-on vraiment
dormir autrement que sur UNE oreille?) qui lui faisait pourtant
barrage. il faudrait exclure certaines minutes des cadrans, leur
demander de se rendre en salle d'études & de ne revenir qu'avec
une copie suffisamment propre pour qu'un miroir puisse y voir son
reflet. mais - nul n'est législateur en sa vie ; that's why je porte
ma montre en cicatrice au bras gauche & prends soin de gâcher
mon sommeil avec l'exactitude des autres. si la ponctualité est la
politesse des rois, le décalage est celle des poètes de bientôt
trois fois quinze ans.
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je
suis une femme battue habillée des coups que je me suis moi-même
infligés sous prétexte d'être un homme ambidextre. je suis cet
homme qui bat sa propre aurore à grands coups d'épitaphes. je suis
un dresseur de somnifères insomniaque qui se berce pourtant
d'allusions. je suis une femme battue qui met sa plus belle robe
avant de lever la main sur son propre visage – déjà rouge.
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il
y a, derrière mon masque, une substance d'un noir si épais que
l'évidence d'être en vie ne saurait y souscrire. squelette en
désordre, largement coiffé d'un manteau épars & dépourvu de
toute allégeance à l'aurore, je promène un aveu dont le sommeil
exige d'être coupable ou borgne. où sont passées les flaques que
je maquillais en solfèges? où sont mes paravents travestis en
solstices? derrière me glisse un masque, derrière...
&
le masque de tomber.
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je
ne réfléchis plus, je boxe ; & feins d'ignorer que ce que
j'essaime finira par absoudre les frelons qui me frôlent à voix
basse. tirer sur la corde - tirer avec une arme en plastique sur un
corps qui l'est tout autant. seuls les coups de fils méritent leur
nom. oui, les coups de fil méritent amplement leur nom. je répète
- jamais un coup de fil n'abolira ton nom.
à
une amie
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j'entrerai
seule & nue dans une immense salle d'audience aux dents carrelées
d'inconnus pavés de bonnes intentions - & où l'on ne m'écoutera
pas - ou du moins pas encore. j'aurai pourtant, pour ma défense,
plus d'un millier de fleurs autographiées & chaque pétale
viendra plaider ma cause d'une voix trouée & sonore (pour qui a
su tatouer des yeux sur ses tympans). On ne m'écoutera pas vous
dis-je & pourtant, je plaiderai la vue, l'amour & quelques
autres bricoles dont tout monde préfère se distraire. j'entrerai
seule & repartirai coupable & libre en direction d'une
cellule dont j'avais déjà épelé le nom en foulant ma naissance.
&
mon juge sourira en me voyant cueillir les années qu'il me reste à
planter sur nos voies d'urgence... & je serai seule juge de mes
années...
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il
n'y aura, quand j'allumerai enfin mes bagages, aucune autre forme de
procès que celui que j'intente - depuis plus de dix appartements
déjà - à l'indifférence qui ne cesse de ponctuer d'un
pointvirgule l'essaim de pupilles auxquelles j'ai frotté mon épine
dorsale. plus qu'insulter la beauté, je confesse exécrer le beau -
le genre ne faisant rien à l'affaire - & cracher sur les peaux
que j'ai singées de mes propres enluminures.
il
existe certainement un présage - peut-on lire dans les lignes du
foie? - dont la mélodie plagierait les silences qui se glissent aux
creux d'un te deum en chemise de nuit. que cassandre en
personne m'en fasse la lecture.
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le
temps presse & nous avons bien d'autres ampoules à éteindre.
isn't it? un marchand d'allumettes est venu vendre sa cécité au
plus offrant - j'ai dansé exactement trois fois dans sa main. il n'y
a vu que du feu (le chanceux). depuis, je porte des lunettes de
soleil quand j'écris qu'un marchand d'allumettes etc... vivement
vendredi prochain que je perde un nouveau sens et en scotche un
nouveau à la vie.
un
homme se lève, se remémore qu'il va mourir, se regarde dans la
glace &, étonnamment, se trouve beau. un homme pense à deux
femmes; la première est morte d'un coup de fil, il lui semble que
c'était en novembre; la deuxième est décédée en juin et a volé
sa traîne à la première. nevermind.
deux
femmes sont mortes, je fatigue terriblement d'être en vie & je
m'appelle définitivement joséphine.
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ces
cartes postales de maffre que maman glissait sous mes paupières tous
les soirs avant de m'avorter un peu & dont seule ton haleine
parvenait à rendre le ciseau respirable; je les ai gardées, vois-tu
- comme pour mieux soleil-cou-couper les nuits qui s'apprêtent à
égarer leurs (f)la(m)me en moi sans - pour autant - perdre ma trace.
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presqu'il,
je ne suis plus rattaché à cette planète que par une sorte de
conjugaison idiote & solennelle, laquelle me donne des maux
d'épiphanie & des troubles de l'hostie. il s'en serait fallu
pourtant de peu pour je me détache des feuilles qui encombraient mon
arbre. mais, un seul regard vous noie. & quand je dis qu'il vous
noie, c'est bien qu'il s'infiltre comme un sexe d'épinal dans vos
poumons jusqu'à qu'y fleurisse cette branche au doux sobriquet
d'asphyxie.
...
& la suite? une île en dérive. simplement.