je considérais alors la vie comme un
gisement de pétrole inépuisable & mentholé ; mes aisselles avaient
l'haleine d'un verbe conjugué au plus-que-printemps; tandis que mes dents - ah
mes dents! - se laissaient encore mordre par des mots aussi désuets que le mot
désuet... le soleil pleuvait toujours à pleins poumons & toussait des
mirages aux chevets des lits dans lesquels je passais des nuits aussi blanches
que la neige que je laisse aujourd'hui pousser sur ma barbe & mes cheveux
d'éternel étudiant. nous étions aux alentours d'un dix-neuvième siècle dont
l'ascenseur se serait malicieusement bloqué en 1986 & - tout aussi
malicieusement - nous ne souhaitions pas vraiment changer d'étage. pour faire
simple, nous habitions un joli mirage dont les yeux avaient la couleur d'un
orage sur la ligne de départ. mais allez empêcher une ligne de départ de
participer à sa propre course & de la gagner en vous décoiffant au poteau.